Forêt de Brocéliande
Spectras, spectrus,
Vous vous apprêtez à partir en mission en forêt de Brocéliande ?
Je ne peux que vous envier.
Et vous mettre en garde.
L’endroit est merveilleux, à tous égards, mais habité par des êtres puissants, doués de pouvoirs qui nous dépassent.
Si la forêt de Brocéliande est classée MYSTÉRIEUSE dans notre annuaire, eh bien ce n’est pas pour rien !
En tant qu’agent, vous en savez sans doute déjà beaucoup sur ce lieu, notamment sur le fait qu’il s’agit du territoire de l’Enchanteur, Merlin, pour les humains. Je tiens quand même à vous rappeler deux ou trois choses importantes concernant ce lieu et certaines des entités qui semblent l’habiter. Tout d’abord, et si l’on s’en tient strictement à la légende, Merlin serait le fruit des amours d’une religieuse et du Diable, ce qui en fait déjà un sacré client. Après avoir rencontré la fée Viviane, pour laquelle il a bâti, dit-on, un palais de cristal sous les eaux du lac du château de Comper, il quitte le service du roi Arthur pour vivre cet amour compliqué. Il initierait alors sa belle aux secrets de la magie blanche et noire. Viviane, pour le remercier sans doute, le plonge dans un sommeil profond qui, à ce qui se murmure, dure encore. À vous de vous en assurer !
La forêt abrite également le Val sans retour, où la fée Morgane piège habituellement les hommes infidèles ; et la Fontaine de Barenton, réputée pour provoquer la pluie.
Peuplée de créatures mystérieuses, la forêt de Brocéliande a connu de nombreux drames durant les derniers millénaires, et les mines et les forges de Paimpont ont eu leur lot de disparitions et de crimes.
Quelle que soit votre mission, je vous invite à bien vous documenter avant votre départ, à vous rapprocher de Bren et Arding, les derniers spectrus à s’être rendus sur place et dont vous pourrez trouver ci-après un court compte rendu de mission.
Spectralement,
DOTTA, pour l’intranet du Bureau des fantômes
Rapport de mission S.P.E.C 17/19- MYST – BROCE/
Forêt de Brocéliande
Coordonnées GPS Spectran : 48°01’08’’ nord, 2°10’26’’ ouest
« Nous sommes allés à Brocéliande pour récupérer trois ouvriers des forges de Paimpont (classés 2 étoiles, du menu fretin !), morts dans l’incendie de 1759. Nous avons atterri à l’endroit convenu, près de l’ancienne mine à ciel ouvert de l’Étang Bleu, un endroit que nous recommandons avec force pour toute mission dans les parages ; la clairière est dégagée et les allées couvertes permettent une circulation rapide. Malgré la taille de la forêt, la localisation des « deux étoiles » s’est déroulée vite et sans accroc. C’est après que les choses se sont corsées. Bren et moi avons engagé la discussion avec les trois fantômes, en suivant le protocole classique, nos paroles ont rapidement porté et nous les avons convaincus de nous suivre. Jusqu’à ce qu’une chose difficile à décrire – un arbre à tête humaine dont le front était fait d’acier ou de plomb, selon Bren, un vrai monstre, selon moi – apparaisse et refroidisse l’ambiance. Son regard a pétrifié les 3 fantômes et nous n’avons eu que le temps de leur faire avaler une gorgée d’eau du Lac et nous enfuir avant que la Chose ne charge. Nous avons senti la présence d’esprits forts, et nous conseillons à tous les agents en mission d’assurer plus sérieusement leurs arrières que nous ce jour-là. Nous avons eu de la chance ! »
Arding et Bren, agents spectrus
PS : La forêt de Brocéliande est devenue un site touristique de premier plan. On y croise beaucoup d’humains vivants, ce qui peut rendre nos conditions de travail difficiles si la mission devait se prolonger de jour. À bon entendeur, salut !
Zone : FORÊT DE BROCÉLIANDE
Localisation : BRETAGNE
Superficie : 9000 HECTARES
Classée 1 : MYSTÉRIEUSE
Triangle des Bermudes
Spectras, spectrus,
À vous les Caraïbes, donc !
Mais avant de préparer maillots et tongs, lisez attentivement ce qui va suivre !
Le Triangle des Bermudes, mes amis, est une zone immense : trois fois la France, pour celles et ceux d’entre vous qui auraient quelques notions de géographie européenne, ce dont je doute. Et, comme son nom peut le laisser supposer, ce monstre marin forme un triangle allant de la pointe nord de Porto-Rico jusqu’au sud de la Floride et l’archipel des Bermudes, soit une petite chose composée de 181 îles coralliennes tout à fait charmantes mais qui semblent cacher du brutal sous ses eaux bleu cobalt.
On a peu d’informations sur ce qui s’y passe réellement mais ce qui est sûr, c’est qu’il s’y déroule de drôles de trucs ! On pourrait même dire, si vous me passez l’expression, que ça tombe comme à Gravelotte* !
Si nous avons là-bas une majorité de fantômes « deux et trois étoiles », il ne faut pas vous réjouir trop vite ni penser que tout sera facile. Les missions « finger in the nose » n’existent pas, certains d’entre vous sont payés pour le savoir ! En effet, les difficultés des opérations que nous avons à mener là-bas tiennent davantage à l’immensité de la zone de recherche et au brouillage électromagnétique qui désoriente nos spectrans, qu’à la dangerosité des marins et aviateurs coincés sous l’eau.
Plusieurs hypothèses – toutes battues en brèche jusqu’à ce jour – ont été formulées par les humains pour expliquer pourquoi navires et avions disparaissent comme par enchantement quand ils circulent dans cette portion d’océan. Champs magnétiques surpuissants, vaisseaux extraterrestres (ben voyons !) et même, tenez-vous bien, la cité mythique de l’Atlantide. Le mythe platonicien au large de la Floride ? Laissez-moi rire ! Quoiqu’il en soit, les plus de 80 disparitions de navires – de guerre, de plaisance ou de marchandises – et d’avions depuis la fin du xviie siècle humain, soit des milliers de disparus, nous imposent une bonne connaissance de ce terrain où les missions s’enchaînent. Vous pourrez lire ci-dessous deux extraits des dernières missions que j’ai concoctées à votre intention sur la base du rapport des agents. Vous y trouverez le nom de celles et ceux qui les ont conduites. Prenez contact avec eux.
Et n’oubliez pas votre maillot !
Herbert, community manager de l’intranet du Bureau des fantômes
* Tomber comme à Gravelotte, expression dont l’origine remonte à une bataille meurtrière entre la France et la Prusse durant la guerre de 1870, signifie qu’une accélération statistique est à l’œuvre. Ici, comme à Gravelotte en son temps, je parle de morts, vous l’aurez compris ! (Herbert)
Rapport de mission S.P.E.C 03/13- MYST – BERM /
Triangle des Bermudes
Coordonnées GPS Spectran : Brouillées
« Impossible de mettre la main sur les six « deux étoiles » – des marins du Rosalie – que nous étions venus chercher. Nos spectrans se sont mis en carafe dès notre arrivée sur HogBay, zone d’atterrissage à l’ouest des îles Bermudes. Le mystère du Rosalie, ce navire français trouvé à la dérive au large de Cuba en novembre 1840, vidé de ses marins mais voiles déployées, canots de sauvetage sur le pont, reste entier. Elma était verte de ne pouvoir compléter son tatouage ; on venait de passer à côté de douze étoiles ! »
Missy et Elma, agentes spectras
Rapport de mission S.P.E.C 01/11- MYST – BERM /
Triangle des Bermudes
Coordonnées GPS Spectran : Brouillées
« C’est une zone que je déteste. On a patrouillé plus de sept heures dans sous l’eau avant d’apercevoir l’épave de l’Atlanta posée sur le sable par deux cents mètres de fond, intacte ! Ce navire école britannique, naufragé sans raison apparente en 1880 avec 290 personnes à bord, était en parfait état après presque trois siècles dans l’eau. On n’a récupéré qu’un seul marin sur les seize que prévoyait notre mission. Et encore, la chance a souri à Lila qui a entendu une sorte de grincement et s’est dirigée au son dans les cales. Le pauvre bougre était coincé sous une couchette de gaillard arrière, mutique mais grognant. On a bien essayé de le débriefer avant de lui faire boire l’eau de lac, mais rien à faire. L’homme avait un regard fou et il est resté muet comme une carpe, comme frappé de stupeur ! Agents en partance, gaffe, l’endroit ne me dit rien qui vaille. »
Toki et Lila, agents spectrus-tra
Zone : TRIANGLE DES BERMUDES
Localisation : OCÉAN ATLANTIQUE,
MER DES CARAÏBES
Superficie : 1,5 millions de km2
Classée 1 : MYSTÉRIEUSE
Catacombes de Paris
Spectras, spectrus,
Salut à tous ! Les catacombes de Paris représentent un de nos gros foyers d’intervention. Le nombre de clients – massivement des « une étoile » – y est très élevé, comme vous pouvez vous en douter au regard de l’histoire du site.
Histoire que je vous rappelle brièvement en me fondant sur les données publiques recueillies sur le site internet des catacombes de Paris, que je vous invite à consulter avant votre départ. « À la fin du XVIIIe siècle de grands problèmes de salubrité liés aux cimetières de la ville entraînent la décision de transférer leurs contenus sous terre. Les autorités parisiennes choisissent un site facile d’accès, situé alors en dehors de la capitale : les anciennes carrières de la Tombe-Issoire, sous la plaine de Montrouge. Les premières évacuations ont lieu de 1785 à 1787 et touchent le cimetière le plus important de Paris, les Saints-Innocents.
Le site est consacré “Ossuaire municipal de Paris” le 7 avril 1786 et s’approprie dès ce moment le terme mythique de “Catacombes”, en référence aux catacombes de Rome, objet de fascination publique depuis leur découverte ». L’endroit n’est pas dangereux mais il est difficile de s’y repérer et mal aisé d’y circuler sans se faire mordre par les rats. Toutefois, un accord dérogatoire a été passé avec un agent spectras qui a souhaité vivre à demeure là-bas et qui nous sert de guide. Il s’agit de Philibert Aspairt, ancien portier de l’hôpital du Val-de-Grâce qui n’a pas eu de chance. Le 3 novembre 1793, le vieux Phil’ s’est perdu dans les méandres des catacombes et n’est pas parvenu à s’extirper des sous-sols. Il y est mort de faim et de soif…
Vous le retrouverez facilement près de sa stèle, érigée à l’emplacement où on a retrouvé son corps. Philibert est un garçon charmant qui vous aidera considérablement dans vos recherches.
Sid, pour l’intranet du Bureau des fantômes
Rapport de mission S.P.E.C 27/118 – MYST – CATAC /
Paris
Coordonnées GPS Spectran : 48° 50’ 02’’ nord, 2°19’56’’ est
« Notre virée dans les catacombes de Paris a été un enchantement. Phil est un type extra et un sacré fêtard. Avec lui, les étoiles tombent comme par une nuit d’été et les bons mots s’enchaînent comme des perles. Philibert a un humour mortel et connaît des endroits inouïs pour choquer quelques crânes remplis de bons nectars. Prévoyez un peu de temps supplémentaire si vous voulez qu’il vous fasse la grande visite. Elle vaut le détour ! »
Bernie & Alan, agents spectrus
Zone : CATACOMBES DE PARIS
Localisation : PARIS
Superficie : 3140 HECTARES
40% de la SUPERFICIE DE PARIS
Longueur des galeries : 136 km
(91 km sous VOIES PUBLIQUES
44 km sous VOIES PRIVÉES)
Classée 1 : MYSTÉRIEUSE
Caves aux sculptures de Denezé-sous-Doué
Spectras, spectrus,
La douceur angevine chère au poète vous attire ? Soit… Toutefois, avant de vous élancer vers le Saumurois et la caverne de Denezé, vous devriez rengainer vos lyres et lire ce qui suit.
La cave en question, endroit unique en Occident, jouit d’une réputation qui n’est plus à faire au Bureau. Le nombre de missions qui s’y sont mal terminées étant ce qu’il est, le binôme de spectras ou de spectrus que vous êtes doit avoir l’orgueil d’un pou sur une chemise blanche pour vouloir y aller. (À moins que Sid ou Dotta ne vous en aient donné l’ordre, auquel cas, je ne peux rien pour vous !)
Quoi qu’il en soit, et puisque c’est mon rôle, voici le (très) peu d’informations dont je dispose pour vous aider à préparer votre opération « GhostRescue » !
La cave aux sculptures est située dans un ensemble troglodytique remarquable à 22 kilomètres de Saumur, qui regroupe quelque 400 personnages sculptés en « ronde bosse » sur ses parois. Figures grimaçantes, visages angéliques, géants difformes ou créatures chétives… Il y en a pour tous les goûts. Quand et par qui cette frise immense, une sorte de haut-relief, a-t-elle été sculptée ? Nul ne le sait. On parle du xvie, du xviie ou du xviiie siècle… Quelle était sa destination et que s’y passait-il ? Mystère, là encore ! Il s’est dit à une époque que des messes noires et des rites païens s’y déroulaient. C’est cette légende que j’ai choisi de croire dans la mesure où les dernières missions sur place ont confirmé la présence d’un nombre élevé de fantômes mais qui ne se manifestent qu’à certains moments, et de manière fugace. Ce qui nous rappelle, à nous spectrus, les rites démoniaques d’emprisonnement dans la pierre déjà rencontrés au Japon, en Inde du sud et en Écosse. Les fantômes sont-ils pétrifiés dans la pierre et libérés à certaines périodes clé ? Sont-ils retenus prisonniers contre leur gré ailleurs dans ou sous la grotte ? Nous l’ignorons et l’expédition 123-7 DANGERO / DENEZ dont vous vous souvenez sans doute n’a pas pu statuer sur ce point.
Le puits qui se trouve dans la caverne a fait l’objet de tentatives de sondages multiples mais les six spectrus envoyés en reconnaissance ont bien failli y rester. Il a donc été décidé de surseoir à toute nouvelle fouille pour le moment.
Prudence, donc, et contactez sans faute Angel et Kylian – voir rapport de mission ci-après – pour qu’ils discutent avec vous de leur dernier échec en date.
Herbert, Community manager de l’intranet du Bureau des fantômes
Rapport de mission S.P.E.C 27/118 – DANGERO – CAVER /
Denezé-sous-Doué
Coordonnées GPS Spectran : 47°14’51’’ nord, 0°16’25’’ ouest
« Sid nous avait prévenus que cela serait compliqué. Eh bien Sid est un menteur ou, à si on veut le dire plus gentiment, il dispose d’un sens de l’euphémisme très aigu. Kylian et moi avons failli être avalés par cette s… de puits et on est revenu bredouille. La frise de 400 monstres s’est animée d’un coup et s’est libérée de son attache calcaire pour fondre sur nous en hurlant avec la volonté manifeste de nous pousser vers le puits. À moins d’un mètre de la margelle, un puissant système d’aspiration s’est déclenché – un vortex bleu-cadavre bien dégueu et a bien failli nous y entraîner. J’ai eu l’intuition que dans cette situation, la meilleure défense serait l’attaque et nous avons donc opté avec Kylian pour la bonne vieille méthode du « on fonce dans le tas ! » Les personnages mi-pierre mi-revenants, sans doute surpris, se sont par chance écartés et on s’est carapatés sans demander notre reste. La prochaine fois que Sid veut nous envoyer là-bas, nous lui demanderons de nous accompagner ! »
Kylian et Angle, agents spectrus en colère
Zone : CAVE AUX SCULPTURES DE DENEZÉ-SOUS-DOUÉ
Localisation : ANJOU
Superficie : 300 m2
Classée 2 : DANGEREUSE
Forêt de Huelgoat
Spectras, spectrus,
La forêt de Huelgoat vous est forcément connue si vous avez participé au dernier camp d’été. L’endroit est évidemment sublime, la Rivière d’Argent, les chaos géants, la Grotte du Diable et la Roche Sonnante nous ont laissé à tous de très bons souvenirs (et à certains plus qu’à d’autres ; les amoureux se reconnaîtront !)
Pourtant il existe, comme ceux qui étaient avec nous le savent, un côté obscur, très obscur, dans cette forêt qui, historiquement, formait un seul et même massif avec Brocéliande (voir entrée « Forêt de Brocéliande » dans les sites classés 1 / Mystérieuse).
Notre problème majeur dans cette zone réside évidemment dans la présence intermittente du Dahut et de ses sbires. Pour ceux qui n’ont qu’une vision parcellaire de ce mythe – dont j’ai éprouvé moi-même le caractère très réel – voici quelques éléments de réflexion que je soumets à votre jugement. Le Dahut, parfois confondu avec Ahès, est le principal personnage féminin de la mythologie celtique liée aux villes englouties et, singulièrement, à la ville d’Ys. Descendante de la déesse-mère ? Fée gardienne des vannes empêchant les eaux de se répandre sur la ville dont elle a la charge ? Ou fille unique du roi Gradlon ? Le Dahut peut revêtir une de ces identités, les endosser toutes ou être complètement autre chose, je vous avoue que je n’en sais rien (et que je n’ai pas vraiment eu le temps de lui poser la question lors de notre dernière rencontre !)
Quoi qu’il en soit, le Dahut, très lié aux esprits noirs de la lande, a réussi à attirer dans ses filets beaucoup d’âmes errantes, de solides combattants qui la protègent, et seraient prêts à (re) mourir pour elle au besoin.
La Rivière de Sang serait son œuvre – deux amants y auraient été trucidés par elle, donnant sa teinte rouge au cours d’eau – et nous lui imputons la responsabilité de la mort inexpliquée de l’archéologue Victor Segalen en 1919. Les indices rapportés par Noëmie et Fiona lors de leur mission pour rapatrier son fantôme (voir extrait du compte rendu joint) nous semblent clairs et les faits établis. Je vous recommande à tous une extrême prudence et, comme c’est la norme pour les opérations se déroulant en zone de classe 2, pensez à vous mettre en relation avec Sid ou moi-même préalablement à votre départ.
Bon courage et prenez soin de vous et de votre binôme.
Dotta, pour l’Intranet du Bureau des fantômes
Rapport de mission S.P.E.C 007/118 – DANGERO – HUELG /
Huelgoat
Coordonnées GPS Spectran : 48°21’54’’ Nord, 3°44’37’’ Ouest
« Dotta nous avait mises en garde lors de l’entretien que nous avions eu avant notre départ, ce qui nous a probablement sauvé les os. Notre mission consistait à rapatrier le fantôme de Victor Segalen, médecin et archéologue d’origine brestoise, retrouvé mort sans cause apparente dans la forêt en 1919. Une mission banale… sur le papier ! Segalen, fin connaisseur de l’Océanie et de la Chine, mena de nombreuses expéditions archéologiques et géographiques dans ces contrées et revint en France en 1918, après avoir travaillé sur des sépultures à Nankin. Pourquoi Segalen, à peine rentré, file-t-il vers Huelgoat où il écrit dans son journal, seul dans la forêt : « Je n’ai aucune maladie connue, reçue, décelable. Et cependant tout se passe comme si j’étais gravement atteint […] Je constate simplement que la vie s’éloigne de moi » ? Les tombes de Nankin – endroit maudit – lui ont-elles révélé les secrets de Huelgoat ? Mystère total. Toujours est-il que Segalen a été retrouvé mort au pied d’un arbre, la jambe profondément entaillée, un exemplaire de Hamlet dans les mains. Nous l’avons facilement localisé mais au moment où nous nous approchions de lui, ses yeux vitreux étaient agrandis sur une vision d’horreur. Nous étions sur nos gardes et avions convenu avec Fiona qu’elle couvrirait mes arrières pendant que je ferais boire à Victor l’eau du Lac le plus vite possible. Nous avions répété plusieurs fois la manœuvre avant de partir. Ce qui s’est révélé être une très bonne idée. Notre ballet bien rodé s’est déroulé en quelques secondes, suffisantes cependant pour voir surgir du sol et des pierres une armée d’ombres bardées de fer et de pointes. Segalen était accroché à un if immense, une flaque d’eau noire sous lui, qui semblait le retenir. Comme Dotta me l’avait demandé, j’en ai prélevé un échantillon. Fiona a exécuté une parade circulaire, lame en main, autour de nous pendant que je détachais Segalen, et nous avons filé vers le ciel pour échapper à la horde. Eau noire, salée – comme nous le découvririons plus tard – armée tapie dans l’ombre et les pierres, autant d’éléments clairs pour Sid et Dotta : le Dahut nous avait tendu un piège dont Segalen était l’appât. L’eau salée est sa signature et les armures de métal noir de sa horde reconnaissables. Vous qui partez à Huelgoat, ne prenez pas votre mission à la légère, ce serait une bien funeste erreur. »
Fiona et Noëmie, agents spectras
Zone : FORÊT DE HUELGOAT
Localisation : BRETAGNE
Superficie : 1000 HECTARES
Classée 2 : DANGEREUSE
Pont d'Overtoun
Spectras, spectrus,
Avant de commencer, un petit rappel plus que nécessaire, visiblement : COMME POUR TOUS LES SITES CLASSÉS EN ZONE 2 / DANGEREUSE, VOUS AVEZ L’OBLIGATION DE VOUS RAPPROCHER DE SID OU DE DOTTA AVANT DE PARTIR ET LE PONT D’OVERTOUN NE FAIT PAS EXCEPTION. CERTAINEMENT PAS !
Le dernier binôme qui a oublié de le faire séjourne depuis des lustres à l’infirmerie ; et encore a-t-il eu chaud aux os ! Cela aurait pu finir bien plus mal, n’est-ce pas Tim ? n’est-ce pas Mo ? Ceci étant posé, je suis ravi de vous offrir quelques éléments sur cette horreur sans nom qu’est l’Overtoun Bridge !
Oh, je sais ce que vous allez vous dire, ce vieil Herbert n’a jamais pu souffrir ni les chiens ni l’Écosse, d’où ce méchant humour ironique. Je sais même, pour avoir surpris quelques malveillantes conversations dans les salles de repos du Lotus, que certains d’entre vous murmurent que j’ai probablement été mordu par un caniche abricot durant ma vie de vivant. Je ne peux pas certifier que c’est faux, n’ayant plus de souvenirs, mais quand je vous aurais briefé sur cette catapulte à canidés qu’est le pont d’Overtoun, vous comprendrez mieux ma répulsion à son égard (et ma satisfaction jubilatoire à l’idée de savoir que vous allez vous y rendre !)
Le pont en arc d’Overtoun a été conçu par le célèbre architecte paysagiste H.E Milner à la fin du xixe siècle pour permettre l’accès au manoir du même nom : Overtoun House, notoirement hanté lui-même, mais considérablement moins dangereux que sa passerelle d’accès.
Long d’une petite centaine de mètres, le pont est un tueur en série, et d’abord un tueur de chiens. Plus de six cents d’entre eux, tous appartenant à des races au flair prononcé – principalement des colleys ou labradors – ont franchi le parapet pour sauter dans le vide. Par ailleurs, et c’est pourquoi nous nous y rendons souvent, de nombreuses personnes ont suivi leur compagnon à poils pour le Grand Saut ! La Société Protectrice des Animaux écossaise y a envoyé plusieurs équipes, sans aucun résultat.
Quoi qu’il en soit, les six cents fantômes de chiens qui peuplent le vallon qu’enjambe l’Overtoum Bridge forment une garde prétorienne redoutable qui empêche le plus souvent nos agents de rapatrier les fantômes d’humains, à la notable exception de celui du facteur du village de Milton, récupéré in extremis par ces deux têtes brûlées de Tim et Mo. Le nombre de morsures cumulées par ces deux spectrus inconscients se monte à plus de 80, et encore ne compte-t-on pas les coups de griffes et les morsures bénignes. Vous pourrez d’ailleurs lire une partie du compte rendu que j’ai enregistré à l’infirmerie et retranscrit pour vous, malheureux veinards… Je vous souhaite bon courage pour votre prochain rodéo canin en terre d’Écosse, en priant le dieu Chien pour votre salut.
Herbert, community manager pour l’Intranet du Bureau des fantômes
RAPPORT DE MISSION S.P.E.C 1037/248 – DANGERO – OVERTO /
Overtoun bridge, Milton village
Coordonnées GPS Spectran : 55°57’10’’ Nord, 4°31’31’’ Ouest
« Tout ça, c’est à cause de Mo ! Je n’en voulais absolument pas de cette mission, moi, mais comme à son habitude, le nombre d’étoiles en jeu – plus de 40 ! – et l’espérance de triompher d’une situation complexe lui a tourné la tête. La peur qu’un autre binôme s’empare de cette opération l’a poussé à faire l’impasse sur l’entretien préalable avec Dotta ou Sid… Résultat je ne peux plus m’asseoir et je suis obligé de passer mes journées allongé sur le ventre… Mon sacrum, mon coccyx et mes articulations coxo-fémorales ressemblent à de la purée de patate douce et je ne vous parle même pas de ma branche iolo-pubienne qu’on croirait passée au mixer… Bon, pour en revenir à ce qui vous intéresse, Herbert, quand nous sommes arrivés sur place : on s’est posé de nuit sur le toit du manoir pour avoir une vue plongeante sur le pont et le vallon – tout était tranquille. On avait convenu de ne pas mettre un talon sur le pont pour ne pas réveiller ces f… bestiaux et d’effectuer un survol rapide en passant sous l’arche principale du pont pour se faire une idée. Oui, eh bien quand on s’est glissé dessous, les mâchoires de l’Enfer se sont déchaînées ! Les hurlements de ces centaines de chiens nous ont pris dans une sorte de niche de glace sonore et des milliers de dents se sont mises à claquer de toute part. J’ai vu une main qui sortait d’un fourré et je l’ai attrapé par réflexe. J’ai pris un grand coup de sacoche dans le visage, c’était celle du facteur qui implorait qu’on le sorte de là. J’ai pris appui sur une branche de frêne et d’un coup de métatarses, je me suis propulsé vers les étoiles, le facteur désormais accroché à mes genoux. Mo hurlait comme un possédé en me disant de ne pas me retourner. J’ai fait boire une gorgée d’eau du Lac au facteur à deux cents mètres d’altitude et m’apprêtais à redescendre chercher mon idiot de partenaire quand il m’a dépassé à la vitesse d’un missile balistique, deux labradors accrochés à ce qui fut ses fesses. Il s’est débarrassé des clébards je ne sais pas comment et on a filé plus vite que le vent, voilà. Cette mission valait beaucoup plus que 40 étoiles et j’attends que Mo se réveille – même si je le soupçonne de faire semblant de dormir – pour lui dire tout le bien que je pense de ses idées débiles… »
Tim, agent spectrus, qui fait hélas équipe avec Mo
Zone : PONT D’OVERTOUN
Localisation : ÉCOSSE, VILLAGE DE MILTON, BURGH DE DUMBARTON
Longueur : 100 MÈTRES
Classée 2 : DANGEREUSE
Abbaye de Mortemer
Spectras, spectrus,
RAPPEL !
LES SITES CLASSÉS EN SECTEUR 3 / REDOUTABLE FONT L’OBJET D’UN PROTOCOLE D’ACCÈS RESTREINT ET LES MISSIONS ENVISAGÉES DOIVENT SYSTÉMATIQUEMENT ÊTRE VALIDÉES EN CONSEIL.
Vous allez vraiment y aller, à Mortemer ? Ou votre curiosité spectrale – et un rien malsaine – vous amène sur cette partie de notre intranet pour frissonner un grand coup ? Dans le premier cas, les informations, parcellaires certes, que vous trouverez ici sont cependant capitales. Dans le second, vous êtes d’incorrigibles curieux que l’aventure et le danger font rêver plus que de raison… Agents en partance, sachez que les « clients » que vous risquez de rencontrer dans le périmètre de l’abbaye ne plaisantent pas ; huit spectras et six spectrus se sont volatilisés os et âme il y a dix ans, et sont toujours portés disparus. Mortemer est considérée comme la zone la plus hantée de France. Construite au xiie siècle par Henri de Beauclerc, le plus jeune fils de Guillaume Le Conquérant, l’abbaye cistercienne est située dans le vallon de Fouillebroc, en plein cœur de la forêt de Lyons, un massif de plus de 10 000 hectares planté au cœur du Vexin normand. Mortemer, mot d’origine germanique, signifie « plan d’eau mort » ou « marais stagnant ».
Plusieurs clans de fantômes semblent cohabiter sans qu’il nous soit possible de déterminer si elles collaborent ou sont en compétition. À la différence de la Ligue dirigée par Mc Allan depuis Black Moor, aucune figure de chef ne nous est pour le moment connue, ce qui représente une gêne supplémentaire pour la planification des opérations.
La figure tutélaire du site est la Dame Blanche, le fantôme de Mathilde l’Emperesse – née en 1102 et morte en 1167 -, fille d’Henri de Beauclerc futur roi d’Angleterre, et mère d’un autre roi, Henri II Plantagenêt. Impossible de dire si elle est malveillante ou pas, mais son passé politique et ses capacités de manipulations nous incitent à la plus grande méfiance. Les fantômes des quatre moines massacrés durant la Révolution française ont eux, trouvé asile dans la Horde des Loups-Garous qui peuplent la forêt de Lyons. Ils auraient été rejoints par des commandos anglais morts durant la Première Guerre Mondiale, formant un bataillon connu pour leur ruse : approche discrète et silencieuse puis attaque ultra-violente. Restez sur vos gardes. Toutefois, si vous entendez une série de sanglots monter du Fouillebroc, le ruisseau né des larmes de Sainte Catherine, prenez de la hauteur, c’est le signe que la Horde approche. N’essayez pas d’affronter ses membres ni de les surprendre, ils sont supérieurs en nombre et très bien entraînés.
Vous trouverez ci-après un compte rendu des derniers survols effectués par les agents à la dernière lune gibbeuse.
RAPPORT DE MISSION S.P.E.C 102/616 – REDOUT – ABB-MORTEM /
Abbaye de Mortemer
Coordonnées GPS Spectran : 49°22’09’’ NORD, 1°28’50’’EST
« La consigne donnée à notre escouade – 6 binômes – est d’effectuer un survol du cours d’eau le Fouillebroc, en partant de Touffreville et de remonter sud / sud-ouest vers l’abbaye afin de tenter de détecter le camp de la Horde des Loups-Garous. Plusieurs observations singulières ont retenu notre attention. D’abord, et malgré une lune remarquable, la lumière est comme bloquée à la cime des arbres et semble ne pas pouvoir atteindre le sol. Par ailleurs, le Fouillebroc a un comportement étrange et se met « à sangloter » dès qu’on s’en approche de trop près. Dotta et Sid nous ayant mis en garde contre ce phénomène, j’ai demandé à mes agents de reprendre de la hauteur dès les premières manifestations. Enfin, la Dame Blanche que nous avons vue s’est d’abord comportée de manière amicale en nous saluant depuis la chambre rose avant d’exploser littéralement. Elle s’est alors transformée en une pure boule d’énergie jusqu’à produire un dôme de lumière blanche qui a mis tout le site de l’abbaye sous cloche. J’ai tenté de lâcher quelques gouttes d’eau du Lac. Elles se sont immédiatement évaporées. Les données spectrans, films et enregistrements sonores de la mission ont été confiés à Herbert pour analyse et archivage. »
Luc, agent spectrus
Zone : ABBAYE DE MORTEMER
Localisation : LISORS, VEXIN NORMAND, FORÊT DE LYONS
Superficie : 10000 HECTARES
Classée 3 : REDOUTABLE
Plantation des Myrtles
Spectras, spectrus,
RAPPEL !
LES SITES CLASSÉS EN SECTEUR 3 / REDOUTABLE FONT L’OBJET D’UN PROTOCOLE D’ACCÈS RESTREINT ET LES MISSIONS ENVISAGÉES DOIVENT SYSTÉMATIQUEMENT ÊTRE VALIDÉES PAR LE CONSEIL.
Si vous êtes là c’est que le Conseil a enfin statué sur la nécessité d’une nouvelle mission à la plantation des Myrtles, ce qui est en soi une nouvelle accablante mais nécessaire et attendue. Tout concourt à faire de cet endroit l’un des pires lieux de la planète et il détient, sans contestation possible – ni de notre part, ni de celle des humains vivants – le triste privilège d’être considéré comme le lieu le plus hanté et le plus démoniaque des États-Unis.
Construite en 1796 par le général David Bradford, sur un ancien cimetière indien Houmas, la plantation s’étendait à l’origine sur 600 acres, soit un peu plus de 240 hectares. Son périmètre est beaucoup plus restreint aujourd’hui mais nous considérons l’intégralité de la zone comme hautement dangereuse, voire inflammable.
Le nombre de drames qui s’y sont déroulés est proprement ahurissant. Meurtres, suicides, disparitions, massacres sont légion et tout laisse à penser que ce n’est pas fini. Notre dernière opération organisée pour tenter de ramener le fantôme de la fille de David Bradford, Sarah-Mathilda, décédée lors de l’épidémie de fièvre jaune de juillet 1823, s’est soldée par un cuisant échec. À l’instar de ce qui se passe à Mortemer (voir entrée 1 Secteur 3 / Zone REDOUTABLE Abbaye de Mortemer), il semblerait que les soldats qui perdent la vie ici soient automatiquement enrôlés dans les hordes de revenants qui peuplent le lieu. La guerre de Sécession** qui a fait rage ici a fait grossir les rangs de nos ennemis dans des proportions épiques. Les hordes semblent pactiser – au coup par coup et de manière opportuniste – avec des forces puissantes ou, au contraire les affronter. Il s’agit des esprits des morts des indiens Houmas, des déesses vaudous issues du Golfe de Guinée, et particulièrement de la région d’Abomey au Bénin, amenées par les anciens esclaves des plantations… D’autres, que nous n’avons pas identifiées, peuvent aussi être présentes. L’empilement – et parfois la jonction – de forces antagonistes violentes recommande une prudence extrême. L’apparition de traces de mains d’enfants à l’intérieur du miroir du salon d’apparat est le signe de l’arrivée proche de la Horde des Bleus (de la couleur de l’uniforme des soldats du nord, les tuniques bleues) et le signal de votre départ immédiat. Retour immédiat au Bureau des fantômes.
Faites attention à vous et prenez soin de votre binôme
Dotta, pour l’intranet du Bureau des Fantômes
** La Guerre civile américaine ou Guerre de Sécession s’est déroulée de 1861 à 1865 et a opposé les états du sud confédérés et esclavagistes aux états du nord, abolitionnistes. 650 000 personnes y ont perdu la vie, soit 2 % de la population des États-Unis de l’époque !
RAPPORT DE MISSION S.P.E.C. – REDOUT – PLANTA. MYRT /
PLANTATION DES MYRTLES
COORDONNÉES GPS SPECTRAN : 30°48’11’’ NORD, 91°23’15’’ OUEST
« On m’a nommé chef de groupe pour diriger cette mission et j’avoue que ce n’est pas mon meilleur souvenir. J’ai perdu trois spectras – Dilona, Clara et Manon – dans les premières minutes de la confrontation et tout le reste a été à l’avenant, effrayant, calamiteux et terrible. Nous avons été dans l’incapacité de localiser le fantôme de Sarah-Mathilda et nous avons été mis en pièces par la horde des Bleus, alliés des puissances vaudous d’Abomey. Ce fut un carnage ! Notre fuite a été compliquée par un brouillard soudain qui s’est abattu sur la plantation en quelques secondes. »
Amy « Dorothy » Duke, agent spectra
Zone : PLANTATION DES MYRTLES
Localisation : SAINT FRANCISVILLE, LOUISIANNE, USA
Superficie : 240 HECTARES
Classée 3 : REDOUTABLE
Château de Bran
Spectras, spectrus,
RAPPEL !
LES SITES CLASSÉS EN SECTEUR 3 / REDOUTABLE FONT L’OBJET D’UN PROTOCOLE D’ACCÈS RESTREINT ET LES MISSIONS ENVISAGÉES DOIVENT SYSTÉMATIQUEMENT ÊTRE VALIDÉES PAR LE CONSEIL.
Attention vampires !
Cet endroit – et tout ce qui s’y trouve – est horrible, dangereux et hors norme. Vous avez sans doute, dans vos nombreuses missions, côtoyé l’étrange, l’horreur et la peur, et bien, attendez-vous, ici, à y trouver tout cela mais décuplé, ou plutôt multiplié à la puissance mille. Vous connaissez tous l’histoire de Dracula, ce personnage de roman inventé en 1897 par l’écrivain anglais Bram Stoker. Ce Dracula de cinéma, élégant vampire en gants de soie et guêtres blanches, courtois et presque sympathique, n’a que peu à voir avec la réalité. Celui que vous aurez face à vous, et qui a servi de lointain modèle à l’auteur, est Vlad Tepes Dracul, alias Vlad l’Empaleur, comte de Dracula. Régnant cruellement sur une partie de la région de Valachie et de Transylvanie au 16ème siècle, Vlad a pactisé avec les puissances maléfiques des ténèbres afin d’acquérir la vie éternelle sous la forme d’un d’un Nosferatu, un « non-mort » blafard et froid.
Désormais vampire régnant sur une armée de vampires, Vlad l’Empaleur est un adversaire redoutable.
Nos missions sur place se heurtent à un pouvoir que nous ne comprenons pas. Nous sommes parvenus par deux fois à exfiltrer des fantômes prisonniers des geôles du château de Bran. Mais parce que celui-ci était vide ! En revanche, à notre troisième mission, Vlad et ses sbires nous attendaient et nous ont taillés en pièces.
Aucun des agents envoyé là-bas au cours du troisième raid n’est revenu.
Tant que nous n’aurons pas percé le mystère de la source de sa puissance, nous sommes démunis. Nous en sommes réduits pour le moment à étudier l’histoire de sa vie humaine et de surveiller l’endroit où il est possiblement enterré à Naples.
Le château de Bran est immense, labyrinthique et désormais interdit d’accès. Cette citadelle construite au 13ème siècle par et pour les Chevaliers Teutoniques fait toutefois l’objet d’une surveillance permanente mais à distance, grâce à un relai-spectran caché dans le donjon.
Si une de vos missions s’avère avoir des connexions avec la forteresse de Bran et son sinistre maître, par quelques aspects que ce soit, je répète par quel aspect que ce soit, venez immédiatement me voir.
Pas de fanfaronnade !
Dracula n’a aucune envie de se laisser rapatrier vers le lac aux souvenirs. Il fera tout pour rester hanter les vivants. Prudence.
Spectralement,
Sid, pour l’Intranet du Bureau des fantômes
RAPPORT DE MISSION S.P.E.C. – REDOUT – CHÂT. BRAN /
CHÂTEAU DE BRAN, BRASOV, ROUMANIE
COORDONNÉES GPS SPECTRAN : 45° 30’ 54’’ NORD, 25° 22’ 02’’ EST
« Nous avons participé, Mathis et moi, à la seconde exfiltration. Tout s’est déroulé sans aucune difficulté. Nous sommes entrés, avons récupéré les quatre clients et sommes repartis sans encombre. Ils avaient tous des traces de morsures au cou. Sinistre. Aucune difficulté donc – le château était vide – mais des traces récentes du passage de TRÈS nombreux vampires et une présence vaporeuse au-dessus de la forêt qui s’est mise à clignoter quand nous sommes partis. Mathis a fait état de son mauvais pressentiment à Herbert, Dotta et Sid à notre retour. L’échec absolu de la mission qui a suivi la nôtre lui a, hélas, donné raison. Je n’y retournerai pour rien au monde, à moins que Dotta et Sid ne l’exigent bien entendu ! »
Mathis et Stan, agents spectrus
Zone : CHÂTEAU DE BRAN
Localisation : BRASOV, RÉGION DE TRANSYLVANIE, ROUMANIE
Superficie : 7 HECTARES
Classée 3 : REDOUTABLE